C’est en 2021 qu’a été acheminée et assemblée la première installation de lavage physico-chimique des terres polluées dans la zone portuaire de l’île Monsin, en région liégeoise, sur un site de 3,5 hectares exploité par Envisan, la filiale environnementale du Groupe Jan De Nul. Récemment, cette installation pionnière a reçu le certificat « end-of-waste », ce qui lui permettra d’encourager au mieux la réutilisation locale du sable et du gravier revalorisés, avec une valeur technique et qualitative identique à celle des matériaux neufs extraits en carrières.
Au nord-est de la ville de Liège, à l’intérieur d’un méandre de la Meuse, Envisan exploite depuis 2016, un site de traitement et de valorisation des sols et sédiments sur l’île Monsin, afin de les débarrasser des divers polluants qu’ils contiennent. D’une capacité de 250 000 tonnes par an, le centre se concentre sur les projets civils et environnementaux du groupe Jan De Nul, sur les entreprises du secteur de la construction de la région liégeoise et sur l’industrie en dehors des frontières provinciales et nationales. Les pays voisins, le Luxembourg et la France, font également partie du groupe cible grâce à l’accessibilité trimodale de Liège.
Une étape importante a été franchie en 2021 avec l’arrivée par bateau d’une installation de lavage physico-chimique. Les divers modules conteneurs ont ensuite été assemblés sur le site proprement dit. La particularité de cette installation est qu’elle est conçue pour être facilement « mobilisable », c’est-à-dire qu’elle peut être démantelée et réaffectée à l’un ou l’autre chantier nécessitant de traiter un gros tonnage de terres polluées.
Dimitri Descamps, directeur commercial d’Envisan, nous la décrit plus en détails : « Le procédé de lavage physico-chimique consiste à transformer la terre polluée en boue et à lui faire subir plusieurs étapes de séparation granulométrique pour isoler la fraction fine, inférieure à 63 microns, qui contient les argiles et la matière organique du sol. Cette fraction chargée de polluants, dénommée « concentré de pollution », est donc isolée, déshydratée et puis évacuée vers un centre d’enfouissement technique de classe 2. Au terme de la séparation, nous obtenons deux types de granulats : un sable 0-4 mm lavé et un gravier 0-32 mm lavé. Le ratio obtenu équivaut à 20% de concentré de pollution et 80% de matériau lavé ».
Le sable et le gravier lavés sont écoulés dans le circuit de vente des matériaux de construction. Les clients-types sont les entrepreneurs de construction et de terrassement, les grands donneurs d’ordre publics. Les terres excavées et polluées proviennent notamment de la réhabilitation des friches industrielles visant à recréer de l’activité économique par le biais de divers projets de construction résidentielle ou de pôles logistiques.
Trois ans plus tard, plus précisément depuis le 23 octobre 2023, Envisan peut s’enorgueillir de posséder la certification CE2+ et « end-of-waste ». « Le parcours de certification n’est pas une mince affaire. Il a fallu adapter la documentation relative à notre système de gestion de la qualité pour répondre aux exigences de certification, collaborer avec des bureaux d’études externes, finaliser le dossier et procéder au contrôle par un certificateur externe. Mais désormais, la certification obtenue atteste que nos granulats, sable et gravier lavés, ont une valeur technique, qualitative et administrative équivalente à celle des matières premières issues des carrières qui, par nature, ne sont pas renouvelables. Notre solution est bel et bien 100% circulaire » précise Dimitri.
Cette certification est évidemment la bienvenue. Mais il y a toutefois un bémol, comme le sous-entend Dimitri : « Nous observons que les capacités d’enfouissement en CET de classe 2 arrivent peu à peu à saturation. Dès lors, il se peut qu’à terme, nous soyons confrontés à un manque de solutions en Wallonie pour évacuer les déchets ultimes issus de nos activités. C’est une crainte légitime, à nos yeux. Par ailleurs, s’il convient de se réjouir de notre certificat « end of waste » et de l’équivalence en valeur de notre sable et de notre gravier lavés, force est de constater l’absence de réels incitants publics. Il serait souhaitable, par exemple, de prévoir dans les cahiers des charges publics l’obligation d’utiliser certains quotas de matériaux recyclés ou « end-of-waste » au lieu de matières premières extraites en carrière, non renouvelables, si l’on veut promouvoir efficacement une économie circulaire ».