En Europe, le volume des déchets de verre provenant des travaux de démolition et de rénovation est estimé à plus de 1,5 million de tonnes par an. Un certain nombre de défis doivent être relevés si nous voulons évoluer vers une économie circulaire pour le verre. L’un de ces défis est la présence de PVB dans le verre feuilleté. Il est principalement utilisé dans le verre automobile et architectural. Le projet européen Horizon 2020 Sunrise veut maintenant se pencher sur la manière dont le verre peut être collecté et développer un outil multicapteur permettant une séparation efficace. Le projet vient de démarrer et se poursuivra jusqu’au 30 novembre 2024.
Pour fabriquer du verre feuilleté ou du verre de sécurité, plusieurs couches de verre doivent être liées entre elles par une couche intermédiaire. Cette couche intermédiaire sert de protection : elle permet d’absorber l’énergie d’un impact sur le verre, de sorte que les éclats restent y restent collés. Le butyral de polyvinyle est principalement utilisé à cette fin. Une application qui devient de plus en plus populaire. Dans l’automobile et les bâtiments architecturaux, l’utilisation du verre de sécurité était déjà très répandue, mais ce film PVB se retrouve également dans les panneaux solaires, dans la production de textiles, de cellules lithium-ion, de revêtements spéciaux… Autant de possibilités de seconde vie. Aujourd’hui, cependant, seuls 9% des verres feuilletés reçoivent une seconde vie. Le reste est destiné à l’incinération et à la mise en décharge. Il est donc grand temps d’étudier comment trier et recycler au mieux ces feuilles de PVB et ce verre. Tel est le point de départ du projet Sunrise, qui est en cours depuis le 1er juin et peut compter sur une contribution de l’Europe d’un peu plus de 8 millions d’euros, et auquel participent vingt partenaires de sept pays européens.
Le point de départ de cette démarche est le développement d’un outil capable de séparer le verre et le film. Pour cela, on évalue plusieurs capteurs en même temps. Pensez à la spectroscopie Raman, infrarouge, à fluorescence, optique, etc. Soutenu par des algorithmes basés sur l’intelligence artificielle, ce matériel doit permettre de construire un système de tri sophistiqué pouvant même fonctionner au niveau industriel pour séparer efficacement le verre et les feuilles de PVB, et obtenir des flux purs qui peuvent facilement être traités ultérieurement. La pureté optique du PVB sera également validée, afin qu’il puisse à nouveau servir de couche intermédiaire dans les futurs verres feuilletés. Le projet Sunrise vise donc à fermer complètement le cycle du PVB. Mais tout commence naturellement par la qualité des flux entrants. Sunrise étudiera donc également quelles sont les meilleures pratiques en matière de collecte et de stockage du verre feuilleté afin d’élaborer un protocole.
L’application permettrait de recycler 1,25 million de tonnes de verre feuilleté, ainsi que 125 000 tonnes de PVB. De cette manière, Sunrise espère avoir un impact significatif et positif sur l’environnement, la santé et la sécurité. Le PVB n’aurait plus besoin d’être brûlé ou mis en décharge, ce qui réduirait également la consommation de combustibles fossiles et les émissions de CO2 associées à la production de PVB vierge. En améliorant la viabilité économique et le potentiel commercial de cette technologie de séparation, il est possible de créer davantage de valeur ajoutée, d’emplois et de matières premières, ici en Europe.