Le secteur du recyclage est encore trop perçu comme un monde d’hommes. Ce qui est pourtant de moins en moins vrai. De plus en plus de femmes trouvent un emploi et une place dans le secteur de la collecte et du traitement des déchets. Et nous sommes heureux de vous les présenter en détail. Dans chaque édition, nous laissons une femme du secteur parler de son travail et de ce qui le rend si formidable. Et pour ce premier numéro de l’année, nous donnons la parole à Marie Van Breusegem, Sustainability & Circular Economy Senior Advisor chez Comeos.
Juriste de formation, Marie Van Breusegem s’est très vite intéressée aux questions environnementales. Après une première expérience en qualité de juriste auprès de la fédération COBEREC (ndlr : aujourd’hui intégrée à DENUO), elle rejoint l’entreprise de recyclage de métaux Stevens Recycling pour laquelle elle relève le défi de lancer une activité de recyclage des appareils électroniques. « Une excellente expérience de terrain », nous dit-elle. Quelques années plus tard, une opportunité de carrière la conduit chez Comeos. « Au sein de Comeos, je suis responsable des matières « déchets » mais cette fois, dans une perspective différente puisque nous représentons des entreprises qui commercialisent des produits et assument une responsabilité élargie de producteur. Je siège notamment dans les conseils d’administration des organismes de gestion et je suis donc confrontée aux réalités des deux mondes » confie Marie.
S’il est indéniable que nul n’ignore les enjeux climatiques et que tous les acteurs, recycleurs et producteurs, sont conscients de la nécessité de promouvoir une économie plus durable et réellement circulaire, force est de constater que de nombreux efforts doivent encore porter sur la communication et le dialogue des deux côtés de la barrière. Marie nous l’explique en quelques mots : « Les acteurs de terrain ont tendance à penser que les entreprises productrices sont peu ou pas assez sensibilisées à la problématique environnementale. Mais rien n’est plus faux. Les producteurs sont conscients des enjeux et se soucient de la recyclabilité en fin de vie. Seulement, ils sont aussi confrontés à des enjeux financiers et techniques dont il faut tenir compte pour mettre en place la meilleure filière possible. Prenons l’exemple des matelas. La fédération Denuo prône à raison pour une écomodulation en fonction de la recyclabilité du produit. Evidemment, une grille tarifaire différente incite à modifier son produit, mais il convient aussi de noter qu’il n’est pas réaliste pour un producteur de s’adapter à un seul marché local et qu’il faut plutôt analyser la situation à plus grande échelle, au niveau européen par exemple. »
Marie avoue n’avoir jamais ressenti de différence de traitement notable entre personnel féminin et masculin. « C’est vrai que le monde du recyclage est perçu comme un univers assez physique, un peu rude et sale, du moins telle était l’image qu’il évoquait il y a quelques années. Mais la situation a bien évolué. On évolue vers une image plus vertueuse. Mais que ce soit chez Stevens Recycling ou chez Comeos, rien ne laisse penser qu’une femme n’aurait pas sa place. A contrario, j’observe qu’il y a plus de responsables féminins parmi les responsables durabilité des membres de Comeos. Ce que je regrette, c’est plutôt l’attitude de certains responsables politiques qui continuent d’associer le producteur à la notion de méchant pollueur. Quand on voit l’implication, les efforts déployés et les moyens mis sur la table par le secteur du commerce pour promouvoir la durabilité, on se rend bien compte qu’il faut changer cet état d’esprit » conclut-elle.