Du parc à conteneurs à la valorisation des matières
Par anticipation de la mise en place d’une obligation de recyclage des matelas, l’entreprise environnementale Veolia et Recyc-Matelas Europe (RME) s’étaient déjà positionnés dans la revalorisation des matelas usagés avec l’implantation de leur unité Recyc Mattress Belgium à Sombreffe en 2015. Après des années de recherche et de développement, cette filière de démantèlement unique en Belgique utilise depuis près d’un an une unité de tri automatisé et ergonomique capable de traiter jusqu’à 500 000 matelas par an, soit 50% du volume annuel de matelas usagés en Belgique. Après traitement, le taux de valorisation atteint les 90% de matières premières.
Bon an mal an, en se basant sur une durée de vie moyenne de dix ans, on peut estimer qu’environ un million de matelas usagés terminent leur vie dans les recyparcs belges chaque année. Il y a un an à peine, le dépeçage des matelas à Sombreffe se faisait encore manuellement, ce qui équivalait à peu près à un potentiel de recyclage de
70 000 matelas par an. On était donc encore loin du compte.
Philippe Tychon, COO de Veolia Belux, esquisse le défi à relever : « Face aux enjeux de l’économie circulaire et à l’actuelle dépendance aux matières premières venues de l’étranger, il s’agit pour les industriels d’adopter une réelle dynamique, d’être prêts à mettre en place des stratégies de tri et de réutilisation globales, d’acquérir de l’expertise et de développer des techniques efficientes, sans attendre que la législation se mette en place. Il faut rechercher des circuits courts et locaux. » Dans le cas spécifique des matelas usagés, il est parfaitement possible de réutiliser le contenu métallique, les mousses, le latex, les housses, le textile, que ce soit dans l’isolation acoustique, la confection de sièges automobiles ou encore l’isolation thermique des bâtiments.
Philippe Tychon précise à propos de la nouvelle ligne automatisée de l’unité de valorisation Recyc Mattress Belgium sur le site de VEOLIA à Sombreffe: « RME disposait de deux lignes de traitement plus ou moins similaires en France. Mais comme les dimensions des matelas en Belgique sont un peu différentes, il a fallu notamment ajuster les machines. Et procéder à des tests approfondis pour vérifier que tout était conforme aux objectifs. Le personnel accompagne toujours le processus automatisé mais de façon ergonomique, le travail en hauteur est privilégié, au détriment du travail à partir du sol et une attention toute particulière a été accordée au système sophistiqué de traitement des poussières. Mais bien évidemment, il convient de se pencher sur la chaîne complète, ce qui inclut aussi le stockage par exemple. Une fois collectés, les matelas usagés doivent être protégés des intempéries pour garantir leur réutilisation. C’est pourquoi nous avons conçu, testé et breveté un nouveau type de conteneur, à savoir des boxes de 2,40 m sur 2,50 m, pouvant accueillir 10 à 20 matelas, recouverts d’une bâche pour éviter l’humidité et la salissure, et dotés de roulettes pour que le conteneur offre la flexibilité et la mobilité dans son utilisation. Nous sommes les premiers à proposer ce service. Les premiers modèles sont sortis d’usine à l’automne 2022 et à terme, l’objectif est d’en installer environ 2000 auprès des différentes acteurs du recyclage en Belgique, dont, bien sûr, les recyparcs, les hôtels, etc. ».
Depuis janvier 2023 est intervenue en Wallonie l’obligation de reprise des matelas usagés qui se fera via un apport volontaire en magasin ou la collecte sélective dans les recyparcs, avec des objectifs bien définis en termes de volume collecté et de taux minimum de réutilisation et de recyclage à court et moyen terme. « La dynamique s’installe progressivement. Notre site de Sombreffe traite l’équivalent de 70% du marché wallon et environ 35 à 40% du marché flamand. Il faut savoir que l’obligation de reprise existe en Flandre depuis 2022 déjà. Une étape suivante importante consiste à remettre en question l’écoconception des matelas pour faciliter le tri, le recyclage et la réutilisation. Et atteindre à terme une valorisation de 100% des matières premières. De même, il convient de concentrer les efforts de chacun vers une certification des matières autorisées pour la réutilisation et de stimuler ainsi l’acceptation des matières recyclées comme matières premières à part entière » confie Philippe Tychon en guise de conclusion.